Le site d'information le monde.fr publie un reportage sur la production des roses au Kenya. Au regard de son poids économique et de la politique d'ouverture aux frontières menée par l'UE, les bénéfices pour le développement local et le respect des ressources naturelles sont déplorables.
Selon le reportage, l'industrie de la floriculture emploie 500 000 personnes au Kenya, dont 90 000 personnes à la production, essentiellement des femmes.
2100 fermes, couvrant 3 700 ha, sont déployées en plusieurs grandes zones du quart Sud Est du pays, pour une valeur à l'exportation de 500 millions d'euros. Le Kenya est le premier exportateur de fleurs coupées vers l'Europe, il représente 36 % des importations de l'Union, devant l'Equateur (15 %), l'Ethiopie (15%) et la Colombie (12 %), d'après les chiffres cités dans l'article.
Le reportage s'intéresse plus particulièrement aux conditions de travail des salariés et à l'impact de la production sur les ressources du pays, notamment dans la région du lac Naivasha, "magnifique étendue d’eau de 150 km2", où sont regroupées un tiers des serres. Avec un taux de chômage de 40%, la floriculture reste un moyen de subsister pour les kényans, malgré des salaires mensuels voisins de 50 € (environ 2 à 3 €/jour pour 7 à 17h de travail selon la saison), ne donnant pas d'autre moyen aux travailleurs que de s'entasser dans des bidonvilles sans eau ni égouts.
La publication dresse le portrait sensible de plusieurs salariés dans leur quotidien difficile, lesquels restent très discrets par crainte de perdre leur emploi, tandis qu'un gérant d'une grande ferme autrichienne prévient « Si les salaires augmentent, il n’y aura plus personne d’ici cinq ans. On partira tous s’installer en Ethiopie »
Dans ces conditions, les prix départ de la rose sont données aux alentour de 4 centimes d'euros.
N'oublions pas que l'Europe vient à nouveau, en décembre dernier suite à un lobbying intense, d'inscrire le Kenya sur la liste des pays bénéficiant d'une exonération totale des droits d'entrée pour ses fleurs en Europe, tandis que celle-ci a financé à hauteur de plusieurs millions d'euros les laboratoires et systèmes qualité du secteur floricole kényan au nom du développement.
Une bien belle "success story"...
d'après le reportage publié par Audrey Garric, http://www.lemonde.fr/planete/visuel/2015/02/14/au-kenya-les-roses-epineuses-de-la-saint-valentin_4576021_3244.html