Horticulture générale : Production de roses : moins de CO2 en méditerranée
M. Maurizio DIECI, du Département d'Ingénierie chimique et science des matériels à l’école Polytechnique à Turin, a récemment publié les résultats de son étude sur les émissions de CO2 liées à la culture de la rose, aux Pays-Bas, Kenya et Italie. Pour Florisud, il rend compte de ses travaux.
FLORISUD remercie Mr Maurizio DIECI pour sa rédaction et ses informations complémentaires.
Ce travail a été proposé par les bureaux de l’UC-FLOR du Marché aux Fleurs de San Rémo, suite à une première étude analogue de la Cranfield University publiée en 2006, qui comparait simplement les productions de roses du Kenya et des Pays Bas. L’étude avance l’estimation que la production italienne de roses représente environ 23% de la production européenne, et justifie l’intérêt de mener ce travail complémentaire.
Ces résultats sont d’autant plus intéressants que la production italienne est étudiée dans une région au climat méditerranéen proche de ce que nous connaissons en France sur le littoral Varois.
Mr DIECI a donc ainsi comparé les émissions de CO2 résultant de la production de roses :
- De la Riviera Ligure, pour la production italienne.
- De la zone limitrophe à Amsterdam pour la production hollandaise.
- De la zone proche du lac Naivasha, près de Nairobi, pour la production du Kenya.
Les paramètres mesurés ayant une influence notable sur l’émission de CO2 (évaluée en tonne équivalent de CO2 – [t CO2]) sont :
- les dépenses de liées à la production des roses elles-mêmes : chauffage, éclairage, consommation d’eau
- les dépenses liées au transport des produits finis : le point de référence est la plateforme de vente en gros d’Aalsmer en Hollande, que la production Kenyanne rejoint par avion (plus de 6600 km entre Nairobi et l’aéroport d’Amsterdam), par transport routier pour l’Italie (1350 Km) et la production locale (30 Km).
Les investigations de l’équipe de Mr Dieci donnent les résultats suivants, en tonnes équivalent CO2 à l’hectare de production :
Les dépenses énergétiques de la région Ligurie et des Pays-Bas correspondent à une culture intensive, donc chauffée à 18-20°C et éclairée. Cependant, le climat de la Région Ligurie permet de réduire sensiblement les coûts de chauffage (températures clémentes) et d’éclairage lorsqu’il existe. Ceci permet en conséquence une réduction importante de l'émission de CO2, limitée à 416,9 t/ha pour le chauffage (énergies fossiles), à 27,15 t/ha pour l’électricité, et 2,8t/ha pour le système d'irrigation.
De même concernant le Kenya, où le climat est particulièrement favorable à la production de roses (températures oscillant entre 10°C au minimum et 25°C maximum environ toute l’année et fort ensoleillement), et qui permet de réduire globalement les émissions liées à la production à 10,2 [t CO2].
Le Kenya est en revanche nettement pénalisé par les émissions de CO2 liées au transport, fortement utilisateur d’énergies fossiles, qui représente 467 [t CO2], soit un total d’émissions de 477,4 [t CO2].
Cette étude montre que la production des Pays Bas est de loin celle qui a le plus fort impact sur la production de CO2 : près de 4 fois plus environ que les productions italiennes et du Kenya, soit 2290,5 [t CO2], du fait d’une intense artificialisation des processus de production.
La production méditerranéenne de la Ligurie, n’émet au total que 6 % de CO2 de plus que la production du Kenya (respectivement 513,9 [t CO2] contre 477,4 [t CO2]), malgré l’usage actuel d’énergies fossiles.
Impact de l’usage des énergies alternatives
Dans la seconde partie de son étude, Mr Dieci analyse la possibilité de réduire les émissions de CO2 liées à la production grâce à l’usage d’énergies alternatives. Il est ainsi étudié l’impact de l’usage de panneaux photovoltaïques comme source d’alimentation électrique et d’une chaudière biomasse pour le chauffage des serres.
En recalculant les émissions de Co2 sur cette base, on obtient les résultats suivants :
L’usage des énergies alternatives permet de diminuer drastiquement l’émission de CO2 par la culture des roses en Italie et aux Pays Bas, l’impact restant identique au Kenya puisque ces émissions sont dues essentiellement au transport aérien.
L’auteur conclut que l’usage de ces technologies alternatives permettrait à la Région Ligurie de justifier des plus faibles émissions de CO2, inférieures même de 85% dans ce cas à celles du Kenya.
Notons qu’en termes de bilan écologique, l’analyse des émissions de CO2 est un indicateur significatif parmi d’autres : les effets du pompage de l’eau pour la production de roses au Kenya sont notamment un assèchement du lac Naivasha tout proche, qui est un site de pêche important pour les populations locales. Difficile de concilier le développement de l’économie horticole avec un développement effectivement durable dans ce pays.
L’opportunisme des investisseurs incite à la prudence en terme de gestion durable des ressources et de développement du niveau de vie des population locales, en témoigne l’installation d'exploitations horticoles dans le pays voisin, l’Ethiopie, qui promet de devenir un nouveau leader de l’horticulture mondiale d’ici 5 ans.